Terre, une invitation au voyage

Grand retour des Terdaviens au 37ème Marathon Des Sables

Hugo Blondel
Grand retour des Terdaviens au 37ème Marathon Des Sables

Avec ses 35 équipiers, Terres d’Aventure prend à nouveau le départ du Marathon Des Sables. Pour certains c’est une première et pour les autres une irrésistible récidive. Thomas, Quentin, Gabriel, Antoine et Marc racontent leur préparation et leurs attentes avant ces 250 km dans le désert.

Qu'attendez-vous de votre participation à cette édition, après celle de 2019 ?

Antoine Brasseur, graphiste : J'espère retrouver l'ambiance et l'atmosphère qui règne sur le bivouac. Ce sentiment d'être déconnecté de tout mais reconnecté à soi-même.

Thomas Callens, directeur de production Asie / Amérique du Sud : Revivre la "claque" que nous met cette course. Le challenge sportif aussi. On est tous des compétiteurs, moi le premier, et je souhaite réaliser une meilleure course que lors de ma dernière participation (NDLR : Thomas avait terminé 16ème au classement général du 34ème Marathon Des Sables).

Quentin Gaudillière, chargé de contenus digitaux : J'attends de prendre autant de plaisir qu'en 2019, et de vivre une nouvelle aventure, similaire mais différente, le désert étant à la fois immuable et en perpétuelle reconfiguration.

Gabriel Clair, responsable de production des voyages à vélo : La première chose est de revivre en équipe une aventure extraordinaire, 10 jours hors du temps totalement hors de notre zone de confort ! Après la 34ème édition, je n'avais qu'une seule envie, y retourner. Ma seconde attente est sportive, en réalisant une meilleure performance que la première fois.

Et pour les nouveaux venus, qu'est-ce qui vous a poussé à rejoindre l'équipe Terdav ?

Marc Audreno, chargé de sécurité et de formation des guides : Je crois que je ne sais toujours pas pourquoi j'ai accepté, un coup de folie sûrement ! Mais le fait que l'équipe soit constituée de très bons coureurs a dû me motiver. L'année de mes 50 ans, je trouvais que c'était un joli défi, un beau symbole pour moi.

L’équipe Terres d’Aventure au 34ème Marathon Des Sables - ©Erik Sampers

Justement, qu'apporte l'inscription en équipe ?

M.A. : L'équipe est primordiale dans ce défi. Les autres membres ayant tous déjà participé, je peux profiter de leur expérience. L'équipe a mis en place une préparation physique sur plusieurs mois dont tout le monde a pu bénéficier, tout en essayant de s'adapter aux capacités de chacun. Les conseils au quotidien sont également très importants pour moi en tant que rookie.

Pour ceux ayant déjà pris le départ, quelle est la principale difficulté que vous avez rencontré dans cette course mythique ?

A.B. : Le Marathon Des Sables est une épreuve difficile, alors arriver blessé n'est clairement pas un avantage (NDLR : Antoine avait une tendinite du releveur au pied gauche pendant la préparation du 34e Marathon Des Sables). J'ai eu beaucoup de difficulté à accepter de devoir marcher 80% du temps. Le poids du sac était également compliqué.

Q.G. : J'ai eu du mal à trouver le sommeil du fait de ma position latérale et du matelas trop fin que j'avais emporté. Cela a nui à ma récupération d'un jour à l'autre.

T.C. : En 2019, la difficulté principale a été la faim. J'avais perdu 6 kilos. Les dépenses énergétiques sont très importantes tous les jours et malheureusement, pour contenir un poids de sac raisonnable, nous sommes obligés de nous rationner en quantité.

Avez-vous suivi une préparation particulière ?

Q.G. : Oui. Pour résumer : courir beaucoup et faire des sorties longues avec le sac à dos en back-to-back, c'est-à-dire une sortie longue le samedi et une autre le dimanche, pour entrainer mon corps à courir sur des jambes déjà fatiguées.

A.B. : Nous avons débuté en octobre/novembre par du renforcement musculaire puis un gros travail de VMA (Vitesse Maximale Aérobie) pour préparer le corps à encaisser la charge d'entraînement à venir. Enfin, il y a un travail de volume où l'objectif est d'emmagasiner beaucoup de kilomètres afin d'arriver le jour J prêt à en découdre.

T.C. : Il faut rappeler que le MDS c'est 250 km répartis sur 6 jours de courses, donc presque un marathon tous les jours.

M.A. : J'ai suivi les conseils de mes coéquipiers de course, pas à la lettre, juste en fonction de mes capacités, mes objectifs... et de mon âge ! Je me prépare depuis plusieurs mois, en essayant de ne pas négliger la vie de famille et le travail.

Qu'avez-vous fait différemment dans votre préparation par rapport à 2019 ?

T.C. : Toute la préparation et l'entraînement ont été revus en équipe, avec une planification plus précise, moins au feeling. Nous nous sommes allégés en changeant de sacs et en supprimant du matériel peu ou pas indispensable. Enfin nous avons retravaillé en profondeur notre plan d'alimentation. L'expérience est un vrai avantage dans une course où la préparation logistique du matériel représente peut-être 50% de la performance.

Thomas Callens dans les dunes de Merzouga lors de la 2ème étape - ©Erik Sampers

Q.G. : De mon côté, j'ai démarré la préparation un peu plus tôt, avec un peu plus de volume d'entraînement. Mon but principal est de ne pas me blesser, pour atteindre le premier objectif : arriver sur la ligne de départ !

G.C. : La 37ème édition se déroule plus tard que d'habitude. L'acclimatation à la chaleur est un point clef. Je m'entraîne deux fois par semaine dans une salle de thermotraining à Lyon, qui reproduit une chaleur sèche comme au Maroc. La dernière semaine avant le départ, l'objectif sera d'y aller tous les jours pour optimiser au maximum l'acclimatation.

Pour les nouveaux de l'équipe, quels sont les trucs et astuces à retenir ?

T.C. : On leur a dit de garder en tête que le poids est l'ennemi de la performance et surtout un ennemi pour les pieds. Quitte à devenir psychorigide, il faut tout peser, tout reconditionner, chercher à gagner des grammes par tous les moyens. Votre dos et vos pieds vous remercieront.

Q.G. : Il faut évoluer à la sensation uniquement et écouter son corps. Cela veut dire ne pas forcément avoir d'objectif d'allure, mais d'intensité ressentie qui doit être soutenable : marcher quand c'est nécessaire pour faire descendre le cardio, faire une pause au check-point et s'asperger pour faire descendre la température. Un autre conseil : boire tout le temps, à petites gorgées et ne surtout pas attendre d'avoir soif. Dernier conseil : profiter du paysage et de la magie du désert ; c'est une expérience unique.

A.B. : Bien sûr, notre expérience est au service de l'équipe. Je n'ai pas en tête un conseil en particulier, avoir déjà couru le Marathon Des Sables est en soi une mine d'informations. Je dirais que le conseil le moins technique mais le plus important est de prendre du plaisir et donc de se préparer au mieux pour vivre cette aventure à son niveau en respectant son corps.

Gabriel Clair lors de la 3ème étape - ©Erik Sampers

L'un des points clef du marathon réside dans l'alimentation. Comment l'abordez-vous avant et pendant la course ?

T.C. : Nous avons travaillé en profondeur notre plan d'alimentation pour répondre à plusieurs objectifs : manger mieux, avoir de meilleurs apports caloriques et diversifier au maximum nos repas et collations pour éviter la lassitude.

A.B. : De mon côté, j'ai cherché à perdre du poids car le moindre kilo perdu correspond à de l'énergie économisée et du temps gagné. Je n'ai pas bouleversé mon alimentation, je mange de tout et même de la nourriture pas très saine. Cependant j'ai surveillé les quantités là où je ne suis habituellement pas très regardant. Résultat : environ douze-treize kilos en moins depuis juin dernier. Pendant la course, nous sommes obligés par l'organisation d'avoir minimum 2000 kcal/jour avec nous. A partir de là, on construit le menu qui nous correspond le mieux d'un point de vue gustatif, apport énergétique et digestif, en essayant d'optimiser au maximum le poids du sac.

M.A. : Sur ce plan, je suis dans l'inconnu. J'ai commencé à beaucoup m'hydrater depuis déjà trois mois. Je commence un mois avant à faire un peu plus attention à mon alimentation, moins de viande, plus du tout d'alcool, etc... Nous avons eu un partenariat avec un des spécialistes de la nourriture lyophilisée qui nous permet d'essayer de nouvelles choses, de nouvelles marques et des recettes sympas.

Quels équipements utilisez-vous ?

G.C. : Le grand ennemi du coureur sur une épreuve comme le Marathon Des Sables c'est le poids. Il nous faut absolument trouver le meilleur rapport poids/performance pour l'ensemble de l'équipement que nous allons utiliser. Nous réitérons pour cette édition notre pleine confiance à Haglöfs pour la partie T-shirt, sac de couchage. Pour les lunettes de soleil, très important, je fais confiance cette année à Julbo et une paire ultra légère ! Pour le reste de l'équipement je vais jouer sur le matériel que j'utilise habituellement pendant mes entraînements.

A.B. : L'équipement mériterait un article à lui seul tant la recherche de performance et d'optimisation est grande. J'ai choisi un sac à dos "gilet" avec une poche ventrale. Il permet un meilleur maintien du sac lors de la course et le stockage de la nourriture du jour ainsi que tout ce dont on peut avoir besoin rapidement (pastille de sel, crème solaire). J'aurais aussi un sac de couchage ultra léger (522g) et une tasse en titane (70g) pour manger ma soupe et faire chauffer l'eau pour réhydrater les lyophilisés. Cette année j'ai décidé de ne pas prendre de tapis de sol ni de doudoune, toujours pour gagner de la place dans mon sac.

T.C. : Je porterai des chaussures avec une largeur au niveau des orteils pour permettre à mes pieds de gonfler, notamment à cause de la chaleur et de la répétition des efforts. Un sac très léger (330g) mais pas du tout confortable et pas très ergonomique... soit presque 600 grammes de gagné, c'est énorme. Sans oublier tous les items obligatoires pour des raisons de sécurité : couverture de survie, boussole, sifflet, miroir, couteau, briquet, etc. J'ai testé à plusieurs reprises mon matériel de course, dans toutes les conditions pour éviter les mauvaises surprises, en particulier les zones de frottements.

M.A. : Ce qui fonctionne pour l'un ne fonctionne pas nécessairement pour l'autre. En ce qui me concerne, je reste sur les équipements qui me vont bien, ne provoquent pas de blessure chez moi et me préservent.

Antoine Brasseur lors de la 4ème étape (étape longue de 80 kms) - ©Erik Sampers

Quelle est votre inquiétude principale avant cette course ?

A.B. : J'aimerais arriver sur cette édition à 100% physiquement et ne pas trainer de pépins physiques. Mais cette année particulièrement, je redoute la chaleur. Cette édition a lieu un mois plus tard que d'habitude et lorsque l'on sort de cinq-six mois de préparation hivernale, le choc thermique peut être violent !

Q.G. : Le fait de souffrir d'un coup de chaud. J'en ai eu un petit lors de la troisième étape en 2019, et j'étais comme assommé. Tout mon organisme était au ralenti, chaque geste demandait un effort disproportionné.

M.A. : Pour le moment la principale inquiétude est la blessure avant départ. Il faut trouver le bon équilibre entre entraînement, volume de course, renforcement musculaire et bien sûr temps de repos/récupération, pour arriver fin prêt le jour J. Ce n'est pas facile tous les jours, surtout pendant l'hiver.

Quel est votre objectif personnel pour cette course ?

M.A. : Finir, aller au bout et prendre du plaisir en essayant d'allier course et marche, rien d'autre.

G.C. : Mon objectif est avant tout d'avoir la sensation de courir à mon niveau, d'avoir la capacité de me dépasser. Difficile de prévoir un classement, ou un temps d'épreuve, il y a beaucoup trop de facteurs. La première fois l'objectif était de finir, pour cette deuxième participation l'objectif est de performer.

T.C. : Je voudrais faire mieux qu'en 2019 mais le plateau de coureurs de haut niveau sera plus important cette année, donc la bagarre va être féroce.

A.B. : Individuellement, j'aimerais terminer la course et la terminer en bonne santé. Je veux bien sûr améliorer ma marque de 2019, ce qui ne devrait pas être inaccessible. Enfin, je rêve de pouvoir prendre le départ "en décalé" avec les 50 premiers lors de l'étape longue. Cet objectif est un peu présomptueux mais ce serait beau.

À quoi penserez-vous sur la ligne d'arrivée ?

A.B. : Je vais déjà me concentrer sur la ligne de départ ! Mais j'imagine qu'il y aura du soulagement, de la fierté et des pensées pour toutes les personnes qui ont rendu cela possible de près ou de loin.

Q.G. : Dur à dire, je me projette assez peu sur ces moments. Je sais d'expérience que je suis beaucoup dans l'instant. Je penserai donc sans doute au fait d'être arrivé.

M.A. : Cela dépendra de la difficulté pendant l'épreuve, mais bien sûr qu'une pensée ira immédiatement vers mes proches qui me soutiennent pour ce challenge.

T.C. : A mes proches : ma femme, ma fille, ma famille, mes amis qui m'accompagnent dans ce projet et qui m'aident à trouver le temps, la force et l'énergie pour m'entrainer, préparer mon matériel, et qui me supportent et m'écoutent parler du MDS depuis 6 mois !

G.C. : Mon fils et ma femme qui me soutiennent depuis le départ. C'est une réelle chance, car ce n'est pas simple de gérer le travail, la vie de famille et 15h d'entraînement par semaine. Mais aussi toutes les personnes qui me suivent, famille et amis. Débutera ensuite certainement la nostalgie de plus de 6 mois de préparation.

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